Ensemble de sacs à mains et robe de demi-deuil
Mode féminine du début XXe siècle
Cet ensemble de onze sacs à mains et d’une robe de demi-deuil du début du XXe siècle illustre les liens avec la création lyonnaise, en permettant de mettre en regard ces objets finis avec les nombreux albums d’échantillons de tissus conservés par le musée, qui étaient mis à disposition des clients et des couturières à cette période.
Regard sur cet ensemble de sacs
Sacs à mains de jour, petits sacs du soir ou pochettes ; tissés, brodés ou perlés, cet ensemble raconte l’histoire des modes et des usages vestimentaires au début du XXe siècle, tout en élargissant le panorama de la collection d’accessoires du musée, qui compte déjà des pièces plus anciennes, comme celles à décor brodé du XVIIIe siècle, des bourses porte Louis ou des sacs en perles du XIXe siècle.
Le sac à mains, tout une histoire
Cet accessoire de mode aujourd’hui indispensable, trouve ses origines dans l’antiquité, avant d’évoluer au moyen-âge et d’être délaissé à la Renaissance. Il faudra attendre le Premier Empire pour qu’il retrouve ses lettres de noblesse, lorsque la mode féminine évolue vers des robes aux lignes épurées et près du corps. En effet, les poches qui se portaient jusqu'alors entre la jupe volumineuse et le manteau, disparaissent pour ne pas déformer la silhouette, et ce, au profit du sac à main.

© Lyon, musée des Tissus et Arts décoratifs – D.R.
Robe de demi-deuil
Jusqu’à la Grande Guerre, les trois périodes du deuil établies au XIXe siècle sont encore respectées, permettant ainsi de dater ce modèle vers 1910. Pendant la période de demi-deuil, il est admis de porter des vêtements combinant le noir, le blanc, le gris et le violet, au lieu du seul noir. Cette robe vaporeuse à la coupe droite en mousseline et taffetas de soie, est soulignée à la taille par un ruban de soie et à son encolure par du tulle brodé. La sous-robe, en soie chargée, est terminée par une frange de boules satinées et une rangée de pierres.
De sa création à sa transformation, lumière sur les origines de cette robe
Avant d’être transformée et voilée de noir par sa propriétaire, la robe d’origine est griffée "F. Kayser Lyon", une maison de couture familiale où Frédéric Barthélémy Kayser (1867-1945) exerçait son activité aux côtés de sa femme et de ses enfants.
La boutique installée à Lyon entre 1907 et 1910, jouit dans la première décennie du XXe siècle d’une certaine notoriété, comme en témoigne les chroniques Promenade d’une Lyonnaise de la Comtesse Héléna dans la revue Le Tout Lyon où elle invite ses lectrices à se rendre chez Kayser :
Renseignements pris, cette idéale toilette a été combinée et exécutée chez Kayser, 55, place de la République — 3 février 1907 ;
J’ai, dans une visite à Kayser, 55, place de la République, admiré dans ses salons, une toilette de soirée ravissante […] Cette toilette réunissant le gout, l’habilité, l’art véritable qui caractérise Kayser. — 10 février 1907 ;
L’effet de cette merveilleuse toilette est des plus séduisant, elle sort de la maison Kayser, 55, rue de la République, dont il n’est pas besoin de faire un plus bel éloge — 17 février 1907 ;
En attendant, je vous conseille d’aller voir les ravissants costumes de la maison Kayser […] — 3 mars 1907.
Cette pièce raconte ainsi à sa manière, l’histoire des nouveaux médias qui font connaître et diffusent la mode au plus grand nombre dès le début du XXe siècle, et met aussi en lumière, un pan quelque peu oublié de l’histoire de la mode à Lyon.
Remerciement
Ayant appartenu à Antoinette Seguin (1887-1975), épouse de Louis Joannard, cet ensemble de pièces est entré dans les collections grâce à la générosité de Philippe et Emmanuelle Joannard en 2022. Leur geste s’inscrit dans l’histoire du musée des Tissus et des Arts décoratifs, et nous tenons à leur exprimer, notre profonde gratitude.